La Gemmothérapie : la phytothérapie par les bourgeons
Le terme « gemmothérapie » vient du mot « gemmae » en latin, qui signifie à la fois bourgeon et pierre précieuse. Selon la gemmothérapie, les bourgeons des plantes (tissus embryonnaires) possèderaient en effet certaines propriétés thérapeutiques supérieures à celles des diverses parties de la plante mature.
La gemmothérapie est une branche de la phytothérapie qui utilise les bourgeons et jeunes pousses de plantes. Contrairement à la phytothérapie, qui se sert des éléments adultes de la plante (feuilles, fleurs, écorces, racines, plante entière), la gemmothérapie se distingue en employant la partie embryonnaire d’un végétal. Les macérats de bourgeons sont alors obtenus en faisant macérer ces tissus embryonnaires dans un mélange eau-alcool-glycérine pendant 20 jours. On les utilise par voie orale en tant que complément alimentaire à base de plantes.
Selon le Dr Henry, la médecine des bourgeons s’adapte au « terrain » de l’homme comme la plante s’est adaptée au sien.
Les bourgeons contiennent toutes les propriétés, cellules et composants de la future plante, fleurs, feuilles, tiges… et à partir de ces cellules embryonnaires, situées à l’extrémité des tiges ou des racines, la plante peut se reproduire complètement.
Les bourgeons abritent en effet une kyrielle d’acides aminés, le matériau de base des protéines, elles-mêmes « briques » de la future tige ou racine. Ils recèlent aussi de nombreux micronutriments comme des polyphénols, des antioxydants, des enzymes nécessaires aux réactions biochimiques, ainsi que des phytohormones de croissance, absentes de la plante mature, et pour certains bourgeons, des dérivés terpéniques et autres.
La gemmothérapie agit globalement sur l’ensemble du métabolisme du corps. On l’utilise pour améliorer nos défenses immunitaires, renforcer le corps contre la maladie, le maintenir en bonne santé, préférentiellement pour réguler ou soutenir des fonctions défaillantes : élimination, circulation, immunité, ou des altérations organiques liées à un surpoids par exemple.
Le recours aux bourgeons va permettre de drainer, rééquilibrer et régénérer certains processus de l’organisme. On les utilise par voie orale en tant que complément alimentaire à base de plantes.
Chaque macérât de bourgeons va donc agir en profondeur, sur le terrain, en rééquilibrant certains processus physiologiques déréglés. Les macérâts de bourgeons sont particulièrement efficaces en cas d’affections chroniques et leur utilisation se fait plutôt au long cours par cures de trois semaines.
La gemmothérapie est une sorte de phytothérapie rénovée. Cette méthode thérapeutique s’inspire des principes de drainage homéopathique. Le but est de réaliser un drainage profond de l’organisme et de régulariser ensuite spécifiquement le fonctionnement des organes perturbés.
Elle utilise des tissus végétaux vivants à caractère embryonnaire tels que les bourgeons frais, les jeunes pousses, les radicelles, l’écorce interne de racines ou encore de tiges. La particularité réside dans le fait que ces tissus se trouvent en phase de multiplication cellulaire intense, ils contiennent toute la puissance énergétique et toute l’information génétique de la future plante. Ils portent le potentiel de développement nécessaire aux végétaux au travers de leurs concentrés d’actifs. C’est un véritable totum végétal. Sont ainsi retrouvés dans le bourgeon tous les trésors de la fleur et de la feuille et du fruit et de la tige… C’est ainsi un concentré d’informations.
La gemmothérapie est une thérapie naturelle définit comme la « phytothérapie cellulaire énergétique globale ».
La gemmothérapie s’est développée sur l’utilisation d’extraits appelés « macérâts ». Deux types de macérât sont disponibles et peuvent être utilisés en monothérapie unitaire ou sous forme de complexes.
Pour être un peu plus précis..
Un peu d’histoire…
L’utilisation des bourgeons à but médicinal remonte à l’Égypte Antique. Les bourgeons y étaient considérés comme étant « l’essence de la vie » et utilisés comme source de jouvence aidant aussi bien à réparer l’organisme qu’à améliorer ses fonctions normales.
Hippocrate et Pline le Jeune préconisaient l’usage des bourgeons de peuplier pour cicatriser les plaies.
Mais il faudra attendre le Moyen Âge, avec Hildegarde de Bingen (religieuse et médecin de renom), pour retrouver des écrits évoquant les vertus des bourgeons. En effet, elle fait remarquer que toute la vertu se trouve dans les premiers éléments du printemps, bien avant la venue des fruits : « Après le grossissement et la maturation des fruits, dans l’ensemble des arbres fruitiers, les feuilles n’ont plus guère d’utilité en médecine car leur sève est passée dans les fruits ». Hildegarde de Bingen recommandait les bourgeons de peuplier noir, riches en acide salicylique, sous forme de cataplasmes bienfaisants pour traiter douleurs rhumatismales, ankylose et douleurs articulaires.
Des pharmacopées anciennes mentionnent les bourgeons de peuplier blanc pour constituer le fameux « onguent de peuplier » aux propriétés anti-inflammatoires notamment contre les hémorroïdes. D’autres bourgeons tels que le pin ou le sapin étaient recommandés en usage interne pour traiter les affections du système respiratoire.
Cependant, ces découvertes ont disparu rapidement dû au manque de techniques pour stabiliser les principes actifs. De plus, l’emploi des autres parties des plantes médicinales occupait une place très importante du fait de leur savoir ancestral.
Il faudra attendre les années 1960 pour que les bourgeons à usage médicinal soient le centre de l’attention de nombreux chercheurs.
Dans les années 1950, un chercheur du nom de Niehans se fit connaître par l’utilisation de cellules fraîches embryonnaires d’origine animale. Ce qui amène un médecin homéopathe belge, le Docteur Pol Henry, dans les années 1960, à étendre cette méthode au règne végétal. Il étudia toute une série de bourgeons et de jeunes pousses. Il appela cette méthode « la Phytembryothérapie » et est à ce titre le père fondateur de cette méthode phytothérapeutique révolutionnaire.
Il réussit à mettre au point une méthode permettant d’extraire la quintessence du bourgeon. Pour cela, il préconise la macération des bourgeons et jeunes pousses dans trois solvants différents mais parfaitement complémentaires. Il utilise la forme de macérât glycériné.
Après avoir trouvé la méthode assurant une extraction optimale des principes actifs des bourgeons, Henry chercha à prouver l’efficacité de sa méthode. Il prouvera ensuite que ces extraits de bourgeons trouvent leur intérêt dans le domaine thérapeutique.
Le premier extrait de bourgeon étudié fût celui du bouleau pubescent. Il démontra que ce macérât glycériné active les macrophages du foie et permet le drainage des cellules de Kupffer qui avaient stocké du carbone colloïdal.
Analyses biologiques, études expérimentales, tests cliniques, le travail colossal sur plus d’une vingtaine d’années du docteur Pol Henry confirme les extraordinaires propriétés des bourgeons.
De la Phytembryothérapie à la Gemmothérapie
C’est le médecin homéopathe français Max Tétau qui donna à cette méthode le nom de GEMMOTHERAPIE, venant du latin « gemmae » signifiant « bourgeon » mais aussi « pierre précieuse ». Ce terme fût depuis adopté et largement répandu.
Il inscrit la gemmothérapie dans le domaine de l’Homéopathie et non de la Phytothérapie. Ceci s’explique par le fait que la gemmothérapie apporte un drainage homéopathique moderne parfaitement adapté à la pathologie à traiter. De plus, très tôt, le monde de l’homéopathie, tout au moins celui qui ne craint pas l’innovation, s’est ouvert à la gemmothérapie.
De ce fait, en découle une méthode de préparation de ces extraits de bourgeons différente de celle employée par Henry.
En effet, la préparation des macérâts glycérinés va suivre les indications données par la Pharmacopée française au chapitre Préparations Homéopathiques. De plus, une dilution à la première décimale Hahnemannienne (1D) sera effectuée. Elle représentera la seule forme médicinale des remèdes gemmothérapiques durant plusieurs décennies.
Cependant, du fait de l’absence de publications scientifiques dans les revues internationales notamment, de la difficulté d’accès à l’information thérapeutique uniquement disponible en français et en italien mais inexistant en anglais, la gemmothérapie ne s’est pas réellement développée de façon internationale.
Une nouvelle méthode de Gemmothérapie voit le jour
C’est dans les années 1990 que le docteur Philippe Andrianne, s’inspirant de la méthode du docteur Pol Henry, en développa une nouvelle forme : la Gemmothérapie Concentrée.
Il considère que la Gemmothérapie est une forme de Phytothérapie rénovée et n’entre pas dans le cadre homéopathique.
L’introduction de cette nouvelle forme galénique a permis à la gemmothérapie de se développer de façon importante et offre de nouvelles applications.
Composition chimique d’un bourgeon
Les hormones de croissance végétale
L’activité des bourgeons et autres tissus en voie de développement est basée sur la présence de facteurs particuliers : les hormones végétales, encore appelées phytohormones.
Le bourgeon renferme un méristème dont les cellules vont sécréter ces phytohormones en très petites quantités à un endroit donné de la plante puis vont circuler dans l’ensemble du végétal.
Ces hormones de croissance végétale sont de petites molécules ayant la capacité de traverser la paroi cellulaire et d’intervenir sur l’activité enzymatique intracellulaire. Elles vont permettre de modifier la perméabilité cellulaire externe et d’augmenter la production d’ARN messager à l’origine de la fabrication des protéines.
Ces phytohormones sont au nombre de quatre : les auxines, les gibérellines, les cytokinines, l’abscissine.
Les autre substances retrouvées
Malgré le peu d’études analytiques réalisées sur les bourgeons, il existe une grande variété de principes actifs avec notamment : [15] [16]
– des dérivés polyphénoliques tels que les flavonoïdes (rutine, quercétine, kaempférol) et les tanins catéchiques (procyanidine, prodelphinidine) retrouvés chez Ribes nigrum
– des acides phénols comme l’acide caféique, acide ellagique, acide chlorogénique rencontré chez Ribes nigrum L. et Rosmarinus officinalis L.
– des dérivés terpéniques avec le farnésol chez Rosmarinus officinalis L. et Tilia tomentosa Moench
– des acides aminés : prédominance de Proline, Arginine et Alanine chez Ribes nigrum L.
– de la vitamine C retrouvée en grande quantité chez Ribes nigrum L.
– des amines cardiotoniques chez Crataegus levigata (Poir.) DC.
– des huiles essentielles comme le limonène, le linalol,
– de la sève brute (minérale ascendante) contenant de l’eau et des oligoéléments dont la variabilité dépend de la nature du sol mais également de l’espèce ; par exemple le bourgeon d’orme contient du zinc.
PROCEDE DE FABRICATION : De la récolte à l’obtention du gemmothérapique
Les bourgeons fraîchement récoltés sont mis à macérer pendant trois semaines dans un mélange de glycérine, d’eau et d’alcool. Chaque ingrédient a son rôle :
– La glycérine permet d’extraire les phénols et les huiles essentielles des bourgeons ;
– L’eau permet d’extraire les vitamines, les minéraux et les acides aminés ;
– L’alcool préserve le reste des composants actifs, plus fragiles.
Cette opération délicate doit être standardisée afin de recueillir l’ensemble des principes actifs, tout en préservant leur qualité. On obtient ainsi le macérat mère du bourgeon.
Aujourd’hui, la gemmothérapie fait appel à deux types de macérats :
• Le macérât glycériné dilué 1DH ou MG 1DH : il s’agit du premier macérât gemmothérapique à être développé et dont les modalités d’obtention sont décrites dans la Pharmacopée Française
• Le macérât glycériné concentré, macérât mère concentré ou encore macérât mère : cette forme gemmothérapique est assez récente et ne subit aucune dilution d’où l’appellation de « macérât mère concentré ».
Posologie
La posologie est différente selon qu’elle concerne un macérât glycériné dilué ou un macérât mère concentré. Chez O Soins Naturels, nous proposons des macérâts concentrés.
Nous n’allons donc décrire uniquement la posologie usuelle pour ce type de concentration :
– Chez un adulte : 5 à 15 gouttes par jour. Cependant, il est recommandé de commencer par 5 gouttes puis d’augmenter d’une goutte chaque jour jusqu’à obtention de l’effet désiré, sans dépasser la posologie maximale indiquée. En dehors des repas.
– Chez un enfant : 1 goutte par jour par année d’âge. Par exemple, un enfant de 5 ans prendra 5 gouttes. Par précaution, il est préférable de commencer par 1 goutte et d’augmenter d’une goutte chaque jour jusqu’à obtention de l’effet souhaité sans dépasser la posologie maximale indiqué chez un enfant. En dehors des repas.
Si 2 complexes de macérâts-mères ou 2 macérâts-mères unitaires sont nécessaires, il est conseillé d’espacer leurs prises de 2 heures à des moments différents dans la journée ou de façon alternée (un complexe les jours pairs et l’autre complexe les jours impairs) afin d’obtenir la meilleure efficacité de traitement.
Pour rappel un complexe peut contenir 3 voire 4 bourgeons.
En outre, les heures de prises doivent respecter la chronothérapie humaine. Par exemple, pour les macérats à action tonique (tel que le cassis), il est recommandé de les prendre plutôt le matin et inversement, pour les macérats à action sédative (comme le tilleul) qui seront pris le soir, 15 min avant le coucher.
La durée de traitement ne doit pas dépasser 3 semaines. Sous forme de cure, il est recommandé d’avoir une semaine d’arrêt toutes les 3 semaines et ceci ne dépassant pas 3 mois de cure.
La gemmothérapie peut être administrée également aux animaux.En santé animale, 1 goutte jusqu’à 5 kgs de poids puis au-delà 1 goutte tous les 10 kgs de poids. Ces gouttes seront versées dans un récipient de boisson, 15 min avant un repas et ceux pendant 21 jours.
Précautions d’emploi et Contre-indications
La présence d’alcool (même si la quantité est très faible) fait que les macérâts de bourgeons sont déconseillés avant l’âge de 3 ans et chez les femmes enceintes. Chez les femmes allaitantes, un avis médical est toujours nécessaire.
La prise de certains macérâts de bourgeons est contre-indiquée si l’on prend certains traitements médicamenteux. Demandez toujours conseil à votre médecin ou à votre spécialiste de santé spécialiste avant de prendre des compléments alimentaires.
Quelques précautions d’emploi sont de rigueur comme par exemple :
– Pour les patients sous AVK, éviter les bourgeons d’aulne, de cornouillier ou encore de peuplier qui présentent une action fluidifiante sanguine.
– Pour les femmes enceintes ou en cas de cancers hormono-dépendants, les bourgeons à action hormonale sont à éviter tels que les bourgeons de framboisier, d’airelle ou encore de sequoia.
Le conseil d’un professionnel de santé est bien entendu vivement recommandé.